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L'intrépide Bruno Bisaro - Page 3

  • Le sycomore

    (À Marina Tsvetaïeva)

     

    Dans le jardin de la Démence

    Dans ce jardin embusqué

    Ô Funestes jardiniers

     

    Se tient un vieil érable solitaire et robuste

    Droit comme un i centenaire

    En théorie

    En blessures isolées

     

    Et tout son pied prend racine

    Et tout son poids le fait plier

    Et le poids des années

    Et le poids des blessures

     

    Dans son antre

    Comme un lion

    Si l’on pouvait le voir rugir

     

    Quand cet autre apparaît

    Innombrable et soudain

    À tâtons

    À pas légers

     

    C’est au miracle qu’on crie bien haut

    Et au désordre des forêts

     

    Rugit alors dans un tourment

    Notre arbre robuste et solitaire

     

    Rugit bien fort

    Tient comme il peut

    Et craque sous les feuilles…

     

    Rugit ou grince

    Comme une armoire

    Comme un cercueil à ciel ouvert

    Comme vous l’entendez

     

    En faux platane

    Tremble sous l’écorce

     

    Mais il rougit

    Malgré son âge

    Malgré le siècle et les années

    Malgré l’été

     

    Rougit et meurt de ses blessures

    Rougit et meurt de ses rougeurs

    Et du chagrin de son soigneur

     

    Un forestier, un jardinier

    Un charpentier

     

    Rougit et meurt

    Et de son poids

    Et de son âge

     

    Et de son fruit

     

    D’être tombé

    D'avoir aimé

     

    Rougit et meurt

    D’avoir aimé

    En plein été

    Un jardinier

     

     

    Le sycomore

    Bruno Bisaro

    Padova, Italie, Été 2019

     

    L'intrépide Bruno Bisaro

    Ouvrage à paraître en 2024