La nuit n’était pas silencieuse
On entendait au loin des chants
Des rires jusqu’à la fin des temps
Tout paraissait miraculeux
Le soir tombait sur le chantier
On avait tout repeint en blanc
Un ouvrier dormait paisible
Sur son chandail, un liseré blanc
Voudriez-vous seulement Monsieur
Vous tenir loin des apparences
Ici l’on dort avec prudence
Mais le dormeur au fier poumon
Le front rouge des colères parfois
Rêvait, monté sur un cheval
Qu’un autre vole dans son sommeil
Et dans sa course intranquille
On sentait bien venir l’orage
Dans la nuit claire charriant du feu
Jusqu’aux montagnes qu’il déplace
Oseriez-vous seulement Monsieur
Vous tenir loin des apparences
Ici l’on rêve avec prudence
Dans la chambre, c’était le soir
Des pensées on faisait pleuvoir
Brunes à col blanc taché de vin
Tout ce vain monde dormait tranquille
La nuit n’est pas sans condition
J’entends des voix sur des montures
La voix des hommes qui parlent haut
Guerre de mouvement ou guerre d’usure
Oh je voudrais seulement Mon Dieu
Me tenir droit au firmament
Et que l’on œuvre avec justice
L’amour n’est pas sans condition
S’il faut entendre au loin des chants
Pour l’ouvrier qui vit et meurt
Rêvons jusqu’à la fin des temps
Italie, août 2024
La prudence
Bruno Bisaro
Italie, 2024
L'intrépide Bruno Bisaro et autres poèmes
Ouvrage à paraître le 2 janvier 2026
Éditions Parole et Silence