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BRUNO BISARO

  • Je t'informe que je ne suis pas malheureux.

     

    "Le sort t'a fait échouer dans une région dont le plus somptueux abri est une cabane ? Tu as en vérité l'âme bien petite et des consolations bien mesquines si tu supportes cette situation parce que tu y as reconnu la cabane de Romulus. Dis plutôt : "Ce modeste abri accueille bien les vertus, n'est-ce pas ? Il sera plus beau que tous les temples du monde dès qu'on y verra la justice, la tempérance, la sagesse, la bonté, la conscience de tous les devoirs à observer correctement, la connaissance des choses humaines et divines. Nul emplacement qui renferme de si grandes vertus en une telle abondance, n'est étroit ; aucun exil dans lequel on peut se rendre en telle compagnie, n'est pénible."

     

    Sénèque, Consolations

    Traduction : Colette Lazam, Rivages, 1992

     

     

    IMG_8828 bis.JPG

    Marilyn Bisaro, L'exil

     


  • Le sycomore

    (À Marina Tsvetaïeva)

     

    Dans le jardin de la Démence

    Dans ce jardin embusqué

    Ô Funestes jardiniers

     

    Se tient un vieil érable solitaire et robuste

    Droit comme un i centenaire

    En théorie

    En blessures isolées

     

    Et tout son pied prend racine

    Et tout son poids le fait plier

    Et le poids des années

    Et le poids des blessures

     

    Dans son antre

    Comme un lion

    Si l’on pouvait le voir rugir

     

    Quand cet autre apparaît

    Innombrable et soudain

    À tâtons

    À pas légers

     

    C’est au miracle qu’on crie bien haut

    Et au désordre des forêts

     

    Rugit alors dans un tourment

    Notre arbre robuste et solitaire

     

    Rugit bien fort

    Tient comme il peut

    Et craque sous les feuilles…

     

    Rugit ou grince

    Comme une armoire

    Comme un cercueil à ciel ouvert

    Comme vous l’entendez

     

    En faux platane

    Tremble sous l’écorce

     

    Mais il rougit

    Malgré son âge

    Malgré le siècle et les années

    Malgré l’été

     

    Rougit et meurt de ses blessures

    Rougit et meurt de ses rougeurs

    Et du chagrin de son soigneur

     

    Un forestier, un jardinier

    Un charpentier

     

    Rougit et meurt

    Et de son poids

    Et de son âge

     

    Et de son fruit

     

    D’être tombé

    D'avoir aimé

     

    Rougit et meurt

    D’avoir aimé

    En plein été

    Un jardinier

     

     

    Le sycomore

    Bruno Bisaro

    Padoue, Italie, Été 2019

     

    L'intrépide Bruno Bisaro

    Ouvrage à paraître en novembre 2025

    Éditions Parole et Silence